Le procès gagné contre Massu
En 1972, nouveau coup de tonnerre dans la vie de Jacques Peyréga : en avril de cette année, il est sous le choc du décès de sa sœur Nicole, victime à 45 ans d'un accident de voiture au retour d'un voyage aux chutes du Zambèze en Tanzanie, alors qu'elle était professeur de Lettres à l'Université de Lubumbashi . (Zaïre).
C'est à ce moment que le général Massu publie son livre de « souvenirs » intitulé « la vraie bataille d'Alger ». En le feuilletant dans une librairie de Bordeaux, Jacques y découvre avec stupeur trois pages qui lui sont consacrées et qui sont truffées d'erreurs, de mensonge de calomnies. Le général Massu confond les évènements de 1957 à Alger et l'altercation de mai 1968 à Bordeaux, prétend que Jacques a fait l'objet de poursuites judiciaires et le traite d'énergumène.
Jacques décide de lui intenter un procès en diffamation qui fera grand bruit en cette année 1972. Défendu par maître Roland Dumas et Maître Touzet, Jacques recevra à l'audience du procès de nombreux témoignages de soutien et d'estime : ceux de Germaine Tillon, de Paul Teitgen entre autres, qui se sont tous illustrés par leur engagement pour la cause algérienne.
Le général Massu sera condamné par le Tribunal de Bordeaux à retirer les trois pages se son livre consacrées à Jacques Peyréga et à lui verser un franc de dommages et intérêts pour calomnie. Ce sera le sul procès intenté à Massu par un civil. Des années plus tard, le Général Aussaresses dans le droit fil de Massu, fait dans un livre l'apologie des actions de l'armée française en Algérie, justifiant ainsi la torture par l'état d'urgence. Il consacre lui aussi une longue note de bas de page à l'affaire Peyréga de 1957, relevée par Edwy Plenel dans son livre « Secrets de jeunesse ». Mais Jacques, décédé en 1988, n'est plus là pour lire ce texte d'Edwy Plenel qui l'aurait ému au plus haut point.