Jacques Peyréga Souvenir

Les années Burkinabè

La vie de Jacques, Simone  à Bordeaux va être d'une certaine façon bouleversée par le choix de leur fille d'épouser un étudiant voltaïque, Gilbert,  rencontré sur les bancs de Sciences Po et de la fac de sociologie ; après la naissance de leur premier enfant Sôkir , dont le prénom signifie en Dagari « celui qui a du cœur », Catherine décide de partir vivre avec son mari à Ouagadougou . Jacques, s'il approuve ce mariage mixte conforme à ses idéaux, supporte mal d'être séparé de sa fille unique par tant de kilomètres. Et puis l'idée de découvrir l'Afrique, continent exploré par sa soeur Nicole qui y a trouvé la mort, mais inconnu de lui, doit le faire vibrer, comme chaque fois qu'une nouvelle destination s'est offerte, par hasard, à son esprit aventureux. Remuant ciel et terre au Ministère de l'Education Nationale à Paris, il obtient de haute lutte un poste de coopérant à l'Université de Ougadougou.

Au départ, c'est un poste de maître assistant qu'il décroche…alors qu'il a le grade de  professeur émérite hors échelon, le plus élevé possible à l'université ! Mais il se démène  et obtient finalement un poste de professeur ; quand il  part, avec Simone et Roland s'installer en Haute Volta en février 1979 : il a soixante deux ans et c'est une nouvelle page qui s'ouvre devant lui !

Il s'investit à fond, comme chaque fois, dans ce poste qui lui permet de contribuer à l'émergence de la jeune Université voltaïque. Deux ans après l'arrivée de Jacques, en 1981, le capitaine Thomas Sankara réveille et transforme la Haute Volta, après son coup d'état militaire, l'un des premiers inspirés par de jeunes officiers d'obédience marxiste …A croire que Jacques est attiré comme un aimant par les situations révolutionnaires ! Sankara change le nom de la Haute Volta en Burkina Faso, ou « pays des hommes intègres » et lui donne la devise des révolutionnaires de 1789 «  la patrie ou la mort, nous vaincrons ».

Jacques se retrouve en première ligne pour développer l'enseignement supérieur : il crée à Ouaga le premier DEA (diplôme de troisième cycle) d'Afrique Noire, consacré à l'économie des transports. Aimé et apprécié de tous, il reste très proche de ses  étudiants et de ses jeunes collègues burkinabè.

En 1987, Jacques atteint l'âge de la retraite des professeurs d'Université qui est à l'époque de …70 ans ! mais il ne se résout pas à rentrer en France  pour profiter d'un repos bien mérité après cette vie mouvementée. Pourtant Simone et lui ont acheté une grande caravane dans l'idée de crapahuter sur les routes de France et d'Europe, et d'y emmener leurs petits enfants, Sôkir et Nouontine (dont le prénom signifie « le secret de bonheur », née à Ouaga en 1980).

Malgré ce projet de retraite, la tentation de continuer l'aventure est trop forte. Jacques décroche, auprès de l'ONU,  un contrat de « volontaire du progrès », un nom qui lui va bien ! …Mais ce type de contrat concerne d'habitude de jeunes gens désireux de s'investir dans des projets en faveur des pays en voie de développement, avant de commencer leur carrière . Jacques, à 70 ans, utilise ce contrat pour financer une vaste étude sur le projet de chemin de fer entre Ouaga et Kaya, dans le nord est du pays, étude qu'il entreprend sous l'égide de l'ONU et du gouvernement burkinabè. Avec Simone, il sillonne en 4x4 les pistes du Nord du pays, pour mesurer et analyser les retombées socio-économiques potentielles de la création de cette ligne de chemin de fer, qui doit désenclaver le Sahel.

 

 

 

Jacques et Simone dansant àOuagadougou en tenue burkinabè



03/10/2008
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